L’addiction est un symptôme bien plus fréquent que ce qu’on croit. C’est aussi l’un des plus difficile à traiter. La prise en charge des comportements addictifs repose beaucoup sur la coopération avec le patient. D’abord, il faut qu’il ou elle ait conscience de son addiction. Pas simplement parce que son entourage le lui répète mais parce qu’il reconnait sa dépendance. Dans le sens où une addiction vient toujours tenter de résoudre une souffrance (augmenter le plaisir, désinhiber, apaiser une angoisse ou une phobie sociale, tenir compagnie, aider à supporter certaines émotions, lutter contre la fatigue ou aider à dormir, etc.). Ensuite, parce que ce n’est pas un chemin linéaire. L’objectif du psychologue n’est pas de sevrer son patient ni de lui ordonner une cure de désintoxication. Il partage avec son patient les informations qui peuvent l’aider d’abord à mieux comprendre ses consommations. Le rôle du psychologue est ici d’accompagner sans juger car l’addiction est une souffrance et pas une faiblesse.
L’accompagnement bienveillant du psychologue est nécessaire pour :
- Comprendre l’histoire de cette dépendance, quand et comment elle s’est mise en place ?
- Comprendre le sens de cette dépendance, pourquoi l’addiction est à cet objet et pas à un autre ? Quelle souffrance elle vient apaiser ? Car l’addiction est toujours à l’origine une tentative d’auto-guérison
- Comment trouver un autre remède au problème qui a engendré l’addiction ?
- Dans quel contexte s’inscrit-elle ? Y-a-il d’autres addictions ? Que signifie-t-elle dans l’histoire de vie de la personne ?
- Quelles sont ses conséquences sur la santé psychique et physique ?
- Comment travailler sur les mécanismes d’envie et de frustration ?
On distingue les addictions avec produits (qui sont des produits psychoactifs comme l’alcool, le tabac, les différentes drogues et les médicaments) et les addictions dites sans produit ou comportementales (aux jeux, à la pornographie, etc.)
Comment se manifeste une addiction ?
- Incapacité à remplir des obligations importantes
- Usage d’un produit même lorsqu’il est physiquement dangereux
- Problèmes avec l’entourage, en société ou au travail à cause des consommations
- Augmentation de la tolérance au produit, besoin d’augmenter les doses
- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire que des symptômes apparaissent quand il y a un arrêt brutal de la consommation du produit ou d’un comportement
- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au comportement problématique, difficulté à se limiter
- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité sans y parvenir, culpabilité de se sentir « faible »
- Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou à la pratique du comportement
- Activités réduites au profit de la consommation du produit ou du comportement problématique
- Continuation malgré des dommages physiques ou psychiques
- « Craving », désir impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de continuer le comportement problématique